Business ou éthique ?

L'impératif économique

En introduction, il nous semble important de préciser que notre réflexion s’adresse aux entreprises, sujettes à un impératif de rentabilité. Il ne s’agit donc pas d’une réflexion théorique dans un monde de bisounours, mais d’une humble contribution pour les entrepreneurs confrontés à la loi du marché, et qui désirent se développer selon certains principes éthiques.

Nous voulons évitez deux écueils opposés : la tentation de déroger à l’éthique pour obtenir une meilleure rentabilité d’un côté, et de l’autre, la tentation de faire de votre entreprise une arche de Noé pour sauver le monde… mais qui risque de se transformer en naufrage entrainant la perte de tous.

Ce sont parfois ces deux visions qui opposent le monde de l’entreprise et le monde associatif, chacun se positionnant sur un extrême et se justifiant pour les uns de comportements contraires à l’éthique et pour les autres de comportements complètement irrationnels. Mais le monde associatif n’est généralement pas soumis aux impératifs économiques d’une entreprise.

De quelle éthique parle-t-on ?

A défaut d’entrer dans une réflexion philosophique, nous vous proposons quelques questionnements à prendre en compte dans votre prise de décision :
– Est-ce que mon organisation est vraiment au service de l’humain ? Ou n’est-ce pas une tentation de mettre l’humain au service de mon entreprise ? 
– Est-ce que j’accepterais qu’un concurrent, un fournisseur ou un client, fasse la même chose vis à vis de mon entreprise ? Il s’agit de la fameuse règle d’or : « Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse ».
– Est-ce que je suis prêt à présenter ma décision en toute transparence ? Ou suis-je obliger de la cacher ? Il ne s’agit pas de dévoiler sur la place publique toutes vos décisions, pour des raisons évidentes de confidentialité, mais de s’interroger sur la notion de vérité. Il s’agit ici de renoncer à la tentation machiavélique, contraire à la vérité, selon laquelle « la fin justifie les moyens ».
– Comment inclure dans ma réflexion les personnes qui seront impactées par ma décision ? Ce n’est pas toujours possible, mais nous évoquons ici le principe de subsidiarité selon lequel une autorité centrale ne doit effectuer que les tâches qui ne peuvent pas être réalisées à l’échelon inférieur. Et ce principe s’étend également aux décisions.
– Quel impact cette décision a sur l’environnement de l’entreprise ? Comment préserver l’environnement afin de ne pas impacter les générations futures ?

Bref, au-delà de l’impératif économique, il convient ici de se poser quelques questions complémentaires souvent négligées par manque de temps, ou par l’attrait d’une rentabilité supérieure.

Et si les contraintes économiques sont trop fortes ?

Nombreuses sont les entreprises qui expriment l’impossibilité de respecter certains principes éthiques en raison de la pression économique. Nous vous proposons ci-après une étude de cas rencontré chez l’un de nos clients :

Dans le secteur du nettoyage, les salariés sont souvent lésés avec des temps de travail largement sous-estimés, des trajets entre deux chantiers non rémunérés… autant de pratiques illégales au regard du droit du travail et de la convention collective, et entrainant de facto une rémunération réelle en-dessous du SMIC. Et la concurrence est telle qu’il est souvent difficile pour un dirigeant de respecter toutes les contraintes réglementaires, au risque de ne plus être en mesure de gagner un seul chantier ! 

En attendant qu’une action politique contraigne réellement l’ensemble des entreprises du secteur, et leurs commanditaires, à respecter les règles élémentaires du droit du travail, l’une des solutions consiste par exemple à laisser les collaborateurs décider de manière autonome, seuls ou en équipe, des chantiers qu’ils souhaitent réaliser et des conditions de rémunération associées. Ainsi, chaque collaborateur devient acteur et responsable, et travaille en toute connaissance de cause en intégrant l’ensemble des paramètres de la mission de nettoyage à réaliser. 

Dans l’hôtellerie, certains dirigeants ont pris conscience des tarifs beaucoup trop bas pratiqués par les prestataires de nettoyage, impliquant une rémunération en dessous du SMIC pour leur personnel, et ont décidé de réhausser les tarifs pratiqués afin de permettre au prestataire de rémunérer dignement les salariés intervenant dans leur hôtel.

Faut il renoncer ?

Dans certains cas extrêmes, nous pouvons nous rendre compte que le modèle économique de l’entreprise n’est viable qu’en renonçant à certains principes éthiques élémentaires. La question de renoncer à ce business est une évidence, et doit être regarder sans crainte. Mais plutôt que de réfléchir seul, nous vous invitons à impliquer l’ensemble des collaborateurs, et si nécessaire des différents partenaires de l’entreprise. Faire appel à l’intelligence collective vous permettra d’explorer de nouvelles voies pour transformer en profondeur votre business, radicalement ou par étape, afin de faire de votre entreprise une organisation vertueuse pour tous ! 

Business ou éthique ?
Retour en haut